Dans la conscience collective, le chiffre 2000 a été bien plus qu’une date, il a été un espoir et un fantasme. 2000 est le futur tel qu’il y a plus d’un siècle déjà, un certain Jules Vernes l’avais mis en scène. Un point de convergence que tous ceux qui ont regardé devant eux ont vu, de Fritz Lang (Metropolis) à Gerry et Sylvia Anderson (Cosmos 1999), de Ray Bradburry (Fahrenheit 451) à Stanley Kubrick (2001, L’odyssée de l’espace).
Mais quand le futur est devenu présent, n’en aurions nous pas eu peur ? C’est la question qu’on se pose tellement la création – toujours intimement liée aux craintes et aux espoirs de son époque – a tourné le dos à l’avenir pour se focaliser sur le passé. Le rock est ressuscité pour la énième fois (Strokes, Libertines et on en passe), le pays n’en fini plus de célébrer les eighties – voire carrément l’âge de pierre - via des messes païennes itinérantes (RFM Party 80, Age tendre et tête de bois) allant même jusqu’à sacraliser « plus grand groupe de rock français » une relique du passé : Indochine ! La french touch – mouvement en pleine jeunesse en 2000 - aurais pu tenir tête à ce passéisme intempestif mais elle a préféré se réfugier dans le recyclage elle aussi.
La confiance en l’avenir n’a visiblement pas fait recette ces dernières années alors le passé est devenu une valeurs refuge, celle du sempiternel « c’était mieux avant »…mais ce n’est qu’une théorie ! N’empêche, la fixette sur ce passé a littéralement gagné toutes les strates de l’art et du divertissement. La littérature n’a jamais autant vendu d’héroïc fantasy à un jeune public d’avenir et les romans historiques se portent on ne peut mieux. Côté septième art, les deux trilogies les plus marquantes de la décennie louent des créatures célestes, des elfes, des sorciers et l’âge du fer.
L’avenir a été un concept désuet que seul les loges du jeu vidéo et du cinéma d’animation on continué de nourrir, de concrétiser, de personnifier. Nouvelle machines, nouvelles techniques de réalisation, elles ont œuvré pour la cause.
Alors en 2039 quand quelque part, quelqu’un racontera à un môme sa jeunesse dans les années 2000, il lui dira quoi ? Peut-être que se furent des années de transitions. Pas encore le futur, plus tout à fait le passé mais une époque durant laquelle il était bon de faire de l’ordre dans nos mémoires avant d’attaquer réellement l’énorme chantier qu’est ce XXI em siècle. Une décennie de veille, altérée par un besoin vorace de digérer le phénoménal banquet créatif que fut le XX em. Un jeun nécessaire pour retrouver la faim – certes – mais surtout se remettre de l’effusion passée. Savoir d’où l’on vient pour comprendre où l’on va et toujours transmettre aux plus jeunes un patrimoine qui se fout du temps qui passe et de ce qui reste à venir. Ce qui a été, sera et ni Hugo, ni Mozart, ni Van Gogh ne s’en plaindront.
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